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Chroniques du misanthrope
28 mai 2009

Au long soir d’été, un vent chaud glisse entre

  •     Au long soir d’été, un vent chaud glisse entre nos bras enserrés.

  •     Vu sur un récupérateur de verre ce slogan écrit en grosses majuscules rouges : REFUSONS LA DOMINATION CAPITALISTE. En lettres toutes aussi capitales mais noires et plus rageuses, quelqu’un a ajouté en dessous : REFUSONS TOUTE DOMINATION.

  •     Je rends hommage à mes enfants qui ne se sont guère accrochés à leur foyer initial : « Chemin faisant, l’enfant défait son nid. »

    « L’homme et ses masques », musée Jacquemart-André à Paris. Toutes sortes de masques, masquesgéographiquement et temporellement, et même quelques masques contemporains comme celui de gardien de hockey sur glace. L’écrivain Michel Butor sert de prétexte poétique. Les masques sont répartis en « chœurs » selon leurs faciès et physionomies ; cela donne treize chœurs : chœur des compatissants, des goguenards, des protecteurs, des hilares, des méditatifs, des instructeurs, des sévères, des furieux, des guides, des inquiets, des épouvantails, des passeurs et des énigmatiques. Certains masques ont des faces que l’on classerait, par exemple, plutôt dans les hilares et qui sont ici classés dans le chœur des furieux et inversement. Mais peu importe. De toute façon la lecture tout occidentale ne peut venir à bout des masques venus d’ailleurs sans tomber dans le travers de l’ethnocentrisme. Le masque n’est-il pas justement un moyen de travestir la réalité ? Et même Butor, qui veut éviter le piège et prendre une voie de traverse, sur une base plus sensible, se laisse souvent guider, dans ses textes, par la fonction même du masque quand celle-ci est connue.


carnet_ouvert_masquesDevant un masque de Côte d’Ivoire de la région des Lagunes à côté duquel Butor à écrit « Je suis le souvenir d’un masque », je me remémore alors ce qu’elle m’avait dit, il y a bien longtemps : «  tu n’est qu’un masque. » Elle m’avait déjoué. Je me cachais alors pour paraître autre que ce que j’étais réellement ou pensais être, considérant que le masque donnerait l’ampleur ou la profondeur qui me manquait. Mais le masque peut être mal interprété. Alors que je pensais me recouvrir d’une aura méditative, les autres me voyaient en être sévère ; quelqu’un à éviter donc. Quand j’utilisais les signes de l’inquiétude pour romantiser ma personne, ceux qui auraient pu encore m’approcher s’épouvantaient et fuyaient. Elle aussi a fini par le faire. Je ne sais si les masques sont tombés ou s’ils se sont incrustés définitivement dans ma chair et si nous avons fusionné eux et moi, mais je sais, je sais que j’ai le mal d’elle parfois.

  •     « Dans l’expressionnisme, le moi inonde le monde », écrit P. Hatuani. Je dirais plutôt : l’expressionnisme c’est le moi immonde.


l_esprit_leger

  •     J’ai quelques difficultés (euphémisme) à avoir (je ne dis même pas garder) l’esprit léger. Je suis lourd et m’enlise alors qu’il faudrait s’élever comme une brume vaporeuse et ne laisser trace de soi qu’une douce effluve.
  •     L’ennui c’est quand tous les chats sont gris.
  •     Comment dire l’essentiel ? « Ouvrir la bouche pour secouer les étoiles », écrit Léon Bloy. Sinon se taire.
  •     Putain de téléphones mobiles ! Dans les trains et R.E.R, il n’y a plus que les tunnels qui nous sauvent des conversations inconvenantes. La musique à fond sur les oreilles m’est de plus en plus nécessaire, jusqu’ en devenir complètement sourd s’il le faut !
  •     Muet et sourd : deux pas vers la plénitude. Sauf, comme dirait Brassens, pour les culs-de-jatte, ça va de soi.

  •     L’ennui c’est quand toutes les chattes sont prises.


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