C'est la vie

Vu l'exposition "C'est la vie" au Musée Maillol. Que d'os ! Que de crânes ! L'exposition est sous-titrée "Vanités" mais les organisateurs s'en sont tenus essentiellement et quasiment exclusivement au thème crânien. Il y a là une réduction du thème qui est dommageable. Il est vrai que le lieu (le musée Maillol) de par son exiguïté, ne pouvait dérouler et multiplier les nombreux éléments qui peuvent composer et éclairer "les Vanités".

Une originalité quand même dans la mise en scène des œuvres : le spectateur commence par le 20ème siècle et finit par le commencement, ici Pompéi. De fait, la mosaïque "Memento mori" est la plus belle œuvre présentée : un crâne appuyé sur les ailes d'un papillon, lui-même posée sur une roue. Le corps et l'âme en équilibre précaire qui peuvent basculer du côté de l'opulence ou de la pauvreté. A moins que ce soit d'un côté le luxe vaniteux et de l'autre la sobriété au sens ascétique (stoïcien ?).

Amusement à la vue d'un pommeau de canne représentant la double face de Jésus et de la Mort (sous forme de crâne évidemment). Lors d'une fouille du grenier de la grand-mère d'Anne nous avions trouvé une minuscule sculpture en os, (hauteur 1.3 cm) qui jouait avec la même idée et que je reproduis ci-dessous :

Amusement encore avec des têtes de mort végétales sculptées par Dimitri Tsykalov  dans des fruits et des légumes. L'idée est excellente quand il le fait à partir d'une pomme. Mais, comme tous les artistes d'aujourd'hui, il ne peut s'empêcher de décliner cela, et une pastèque, et une aubergine, et un choux. Et merde.


A côté de cela, l'œuvre la plus tranchante et la plus puissante de l'exposition est celle de Damien Hirst intitulée "The Death of God". La reproduction en photo ne donne pas la mesure de l'impression ressentie face à cette laque.

Maintenant si vous voulez vraiment trembler devant une installation qui ramène cette exposition au rang de la foire du Trône, vous vous payez un petit week-end à Palerme et visitez la crypte des Capucins. Là vous prendrez la mesure de la décomposition des corps, des sacs de viande que nous sommes. Expérience unique, tremblements et frissons garantis. Cadavres séchés, habillés avec soin mais dont les vêtements sont tombés en loques, des corps suspendus, des corps couchés dans des boîtes, hommes, femmes, enfants. Tous effrayants. Tous effrayés. Beaucoup d'entre eux semblent hurler. Un petit exemplaire ci-dessous (Photo de Jesse A. Fernandez)