26 mai 2009
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- L’art moderne est le rejeton de ce
qu’on appelait la venusta, le maniérisme, l’artificiel ; la venusta
qui s’oppose à la grazia, le naturel. En effet l’art moderne se
donne à voir, se réclame de son artifice, il ne cherche pas à cacher mais à
montrer (à monstrer pourrait-on même dire), il cherche à exhiber coûte que
coûte la pratique de son élaboration. L’art à poutres apparentes.
- Un tableau de Stefano di Giovanni
dit Sassetta : une vierge à l’enfant entourée d’anges. En haut à droite,
un ange souriant jouant de la mandoline. Ma promenade au Louvre se fait en
apesanteur. Transporté je suis.
- Gustav Klimt – Papiers érotiques, au musée Maillol : des dessins au crayon pour la plupart. Un Klimt dépouillé, vidé de son contenu principal, la couleur. Le regard n’accroche rien ; sauf lorsqu’une masse plus sombre plus compacte apparaît, lorsque Klimt introduit des traits plus épais, plus appuyés : cheveux, sourcils, robe, toison, sexe, bas. Ainsi les dessins à l’encre sont plus attrayants. Klimt dessinateur n’est ni Schiele, ni Lautrec ; il y fait penser mais nous les fait regretter. Pourtant un dessin au-dessus des autres, une sorte de Vierge assise jambes écartées aux lignes claires sans renforcement aucun. Une réelle vibration érotique.
- Il existe une équation de 1890
appelée « L’équation de William James » ; elle se
présente ainsi : estime de soi = [succès / prétentions]. Une seule façon de
l’accroître à coup sûr : baisser ses prétentions. Ou alors voir des succès
là où il n’y en a pas. Humilité et aveuglement, les deux ou au choix.
- Un tableau d’un artiste russe, je crois : le visage du Christ accompagné du logo Coca Cola avec comme slogan : « This is my blood ». L’effervescence contre la transcendance. L’omniprésence de Coca Cola qui répond à l’omniscience de Dieu. Enjoy !
- Un jour que j’effectuais une
promenade en forêt pour me calmer, ayant subi une certaine contrariété (avion
annulé pour cause de grève), je fus saisi d’un état d’angoisse qui m’obligea à
m’asseoir au plus vite. Gorge nouée, difficultés de respiration, je m’étais
persuadé que j’allais mourir dans l’instant, la fragilité de ma vie me scia en
deux. La conscience de ma faiblesse devant l’infini était paradoxalement la
conscience de mon état humain, de mon état d’être vivant. Vivant je l’étais et
donc je pouvais mourir ; la possibilité de mourir était le résultat de mon
état de vivant.
- Il m’arrive encore
d’entrer dans ce lieu d’angoisse mais uniquement en plongée sous-marine.
L’immensité de la mer qui me recouvre, cette haute masse d’eau au-dessus de
moi, voilà qui m’oppresse ; moi connard palmé et ma petite bouteille d’air
compressé dans cet infini liquide. Seules une immobilité totale et de longues
respirations raisonnées me font retourner vers l’originelle léthargie. Alors
mes nageoires repoussent.
- « Caravaggio – The final years » à
Londres. Une foule bien trop nombreuse pour apprécier
l’obscurité abyssale et oppressante des scènes ou la dignité silencieuse et
torturée des personnages. Bruits parasites, corps étrangers heurtés, espace
rétréci, oxygène raréfié, au secours ! Des envies d’égorger mon prochain.
Faute d’entrer dans les tableaux du Caravage me voici dans sa peau !
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