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Chroniques du misanthrope
19 mai 2009

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  •  En classe. Pour montrer que certains processus financiers ne tiennent que sur du vent et que ce vent peut même représenter la raison d’être de montages spéculatifs, je présente l’arnaque qui a eu lieu en Albanie en 1995 et que je pique à l’excellent Bernard Marris : « vous déposez, leur dis-je, 100 € dans mon établissement et je vous garantis 100 % de taux d’intérêt. J’arrive à convaincre deux autres personnes avec la même offre qui déposent chacune 100 €. Ces 200 € me serviront à vous rembourser, vous mon premier client. Je rembourserai les deux suivants avec les 400 € de quatre autres clients à venir. Et ces clients viendront ! N’avez-vous pas doublé (moins ma petite commission) vous mon premier client, votre capital, vous pouvez témoigner n’est-ce pas ? Et ces quatre-là je leur doublerai leur capital avec les huit suivants, etc. La chaîne peut durer tant que des clients entrent en nombre suffisant pour rembourser les précédents. Mais il en faut de plus en plus : 1, 2, 4, 8, 16, 32, 64, 128… Forcément il y a un point limite au-delà duquel il n’y aura plus assez de clients. La bulle éclate. Les derniers ne seront pas les premiers comme au royaume des cieux. Les derniers l’auront dans le dos – pour rester poli – comme il se doit dans notre monde. Quant à moi arnaqueur, il est évident que je me suis tiré avec les commissions que chacun m’a versées. Et elles sont nombreuses. Voire même je me suis tiré avec les 100 € multipliés par la dernière vague de clients qui a déposé son argent. 100 multipliés par 1024 ? Par 2048 ? Par 4096 ?  C’est une arnaque de plus de un milliard de dollars qui a eu lieu en Albanie ». Et mes élèves de s’ébahir au lieu de s’offusquer. Ils sont sûrs de ne jamais être du mauvais côté du manche. Et ils n’ont pas complètement tort vu l’origine sociale de la plupart d’entre eux.

 

  •  Toujours en classe :

- « Ce tableau sur les inégalités montre que cela a toujours été comme ça : les hommes au-dessus, les femmes en dessous…

- Mais Monsieur, il y a d’autres positions ! »

 

HopperAu musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, devant le tableau de Hopper intitulé « La chambre d’hôtel », j’imagine l’histoire de cette femme : « Elle est assise sur le lit, vêtue de son seul body. Elle a quitté son trench-coat qu’elle a posé sur la patère à l’entrée de la chambre, fait glisser sa valise et sa grosse mallette de voyage jusqu’au lit, plié sa robe à grosses fleurs bleues sur le fauteuil vert, dispersé ses chaussures au pied de la commode et posé sur celle-ci son chapeau vert. Du lit, elle a dégagé, en la repliant, la housse sans couleur. Elle regarde un papier déplié à quatre faces qu’elle tient, lasse, à hauteur de ses genoux, ce sont les horaires des chemins de fer nationaux. Et pourtant elle va se jeter par la fenêtre ». En effet, j’associe la femme de ce tableau à une autre femme, celle d’une photographie où l’on voit la dite femme venant de se jeter du huitième étage lors de l’été 1942, à Chicago, et que le photographe a saisi en plein vol, son corps à l’horizontal parvenant à hauteur de l’enseigne de l’hôtel Genesee. De sa main gauche, elle semble saluer le monde Son corps va s’écraser à l’angle du trottoir de l’hôtel et de son Coffe shop aux sandwiches à 10 cents. C’est inscrit sur la vitre du Coffe shop, on y vend aussi des Milk shakes. Ce à quoi ressemblera notre femme au terme de son voyage vertical.

chute

 

 

  •  Comme la foi, la fidélité est une vertu qui s’exerce par défaut.

 

  •  J’aime le côté débonnaire de Baudrillard. Il y a longtemps qu’il n’est plus avec nous et qu’il est dans un ailleurs. Nous, les humains, ne le concernons plus vraiment. Il y a cette petite histoire très drôle qu’il raconte dans Cool memories : « Sarah vient voir le rabbin et lui dit : O miracle ! Ce matin j'ai laissé tomber ma tartine, et elle n'est pas tombée du côté du beurre ! Le rabbin lui répond : Ma petite Sarah c'est que tu l'avais beurrée du mauvais côté. »

 

  •  A la Hugh Lane Gallery à Dublin on a reconstitué l’atelier de Francis Bacon, celui où il travaillait, à Londres, dans un fatras indescriptible. On ne peut pénétrer l’endroit restitué, on est invité à regarder à travers d’étroites vitres, un peu comme des hublots, comme s’il s’agissait d’un aquarium et de fait, c’est aussi froid et frustrant que le monde artificiel créé pour les poissons silencieux. Lorsque l’on regarde de très près les toiles de Bacon on se rend compte avec quel soin et quelle méticulosité la peinture a été déposée, tracée, étalée – j’allais dire pensée – par le peintre. Et il réalisait cela dans un environnement où s’amoncelaient cartons, pots, chiffons, bouteilles, magazines, livres, débris divers. De ce compost Bacon faisait naître les formes parfaites de ses angoisses existentielles.

 

  •  André Breton ne manque pas d’air. Dans son livre « L’art magique » il classe la peinture de Breughel de « rouerie [qui] séduit les amateurs de pittoresque » ; Rembrandt est qualifié de « pâle » (?) ; Goya ne serait « pas indemne de toute complaisance » ; Klee est un « amuseur » ; Van Gogh « n'a pas réussi à pénétrer ses propres surenchères expressionnistes » ; Vinci est « une figure crispante ». Rien que cela… Je suis davantage en accord quand il voit en Derain un « peintre inégal » ; quand il reprend le mot de Picabia sur Cézanne : « un cerveau de fruitier » ; lorsqu’il exécute Rubens (« le triste Rubens ») ou poignarde Buffet (« les christs à peau de hareng de Buffet »). Comme l’écrit Charles Dantzig dans son Dictionnaire égoïste de la littérature française : « Breton, fils de gendarme, n’a pas trahi son hérédité ». Effectivement Breton fusille tout le monde et n’a d’admiration que pour lui et ceux qui marchent au pas dans les siens.


 

  •  Elle avait une grosse et profonde chatte, largement plus velue que « l’origine du monde », qu’elle refusait d’épiler. Je m’y suis souvent frotté mais je sentais bien que je n’avais pas le bon calibre.


carnet_1_ouvert_chatte

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Commentaires
L
En ce qui concerne la fidélité, je suis sceptique. Mais bon, me diras-tu, je suis jeune...<br /> Justement ^^.
Chroniques du misanthrope
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