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Chroniques du misanthrope
19 mars 2012

Interdit aux mineurs

interdit-aux-mineurs-c1075concours-visuel-liste1w370h370C'est en posant mon regard sur une vieille affiche de cinéma où la sanction "Interdit aux mineurs" apparaissait, que je me suis souvenu que, vers l'âge de 8/10 ans, j'avais été fort étonné et un brin scandalisé de voir dans la vitrine du marchand de journaux (c'est ainsi qu'on le nommait) un livre exposé et emprisonné par un bandeau avec l'inscription en lettres grasses "Interdit aux mineurs" laquelle masquait le titre.
J'étais en même temps troublé: "Pourquoi ce livre-là était-il interdit aux mineurs ?" Dans mon village d'alors, Sainte-Marie-aux-Chênes, il y avait une multitude de mineurs ! On interdisait ce livre à cette multitude, autant dire à presque tout le monde dans le village ! En effet, rien que dans l'impasse où je vivais avec mes parents, et où ils vivent encore, il y avait six maisons habitées par six familles avec à leur tête six valeureux chefs de famille, tous mineurs de leur état dans les deux mines de fer (la Vieille Mine et le Mine Ida) qui existaient ! Pourquoi, comment ce livre pouvait-il être interdit pour nos pères ? Que pouvait-il, ce sacré livre, raconter qu'ils ne puissent lire ? Je me souviens avoir pensé  que c'était peut-être un livre où l'on devait dire du mal des mineurs de fer ? Que si ceux-ci le lisaient, alors ils se fâcheraient tellement fort, qu'il y aurait un tel désordre qu'il valait mieux leur interdir. Dans mon système de pensée vieux d'une dizaine d'années  on interdisait pour le bien de la communauté...
Un certain sentiment d'injustice me gagnait aussi : "Pourquoi les non-mineurs, c'est-à-dire le médecin, le pharmacien, l'instituteur, le curé, le boulanger, le boucher, tous ceux-là, pouvaient le lire ce livre ?" Un sentiment d'injustice cependant insuffisamment fort pour oser poser la question à mon père. C'était un temps où les enfants se démerdaient avec leurs questions, un temps où l'on ne dérangeait pas son père pour une question qu'il qualifierait, c'était certain, d'imbécile. Autant demander un exposé sur la Transsubstantiation ; je suis donc resté avec ma question en suspens. Et, comme souvent les enfants d'avant, je suis passé à autre chose. C'était un monde où, mine de rien, les enfants n'étaient guère avancés...

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Commentaires
T
très marrant cette petite confusion !
Chroniques du misanthrope
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