Quand le crachat d'un footballeur vaut plus que la journée d'un professeur
Alors que nous discutions lors d'une soirée (même pas arrosée) - et je sais que certains considèrent que les conversations d'aujourd'hui sont affligeantes - alors que nous discutions, disais-je, sur les salaires, l'un d'entre nous avoua avoir effectué un petit calcul à ses heures perdues (heures sup. non imposables ?) qui montrait que, tous revenus confondus, avec comme base 8 heures par jour, 5 jours par semaine et 12 mois durant, tous revenus confondus donc, le P.D.G. de L'Oréal gagnait environ 35 € par minute.
35 € par minute... Ce chiffre me rappela ce que je venais de recevoir le jour-même : un supplément de paye, une indemnité, comme ils disent, pour une participation, une journée durant, au jury de T.P.E. (participation ayant eu lieu en février 2011 et payée en janvier 2012...). 35,40 €. C'est ce que j'ai reçu en paiement net.
Comme le dit Jérôme Leroy dans l'article mis en lien au début de ce billet : "Je ne sais pas ce qui s'est passé en moins de 40 ans, mais ce dont je suis certain, c'est qu'on a perdu quelque chose en route, qu'on a changé de civilisation (...)."
Une civilisation qui mesure la valeur à la quantité d'unités monétaires, une civilisation qui considère sans état d'âme donc, qu'au final, un battement de cils de Jean-Paul Agon, qu'un clic de Jérôme Kerviel, qu'une onomatopée de Lady Gaga, qu'un crachat de Nicolas Anelka, tout ça vaut plus qu'une journée de travail d'un professeur de lycée.
Qu'on ne voit pas là une quelconque amertume - j'ai dépassé depuis longtemps ce stade (de foot ?) - c'est un simple constat (de décès, comme dirait Jérôme Leroy). En effet, je m'en bats les cils de l’œil vitreux de Monsieur-je-le-vaux-bien, du doigt gélatineux et sans éthique du trader besogneux, du gâtisme avancé et creux de la Lady, des glaires vertes du footeux au cerveau comateux, cela fait bien longtemps que je sais que Monsieur Futur s'est séparé de Madame Culture. Et que nous ne sommes pas prêts de les revoir ensemble...