Dixième carnet (2009/2010) Début.

Les sociétés occidentales sont de plus en plus inégalitaires au point de remettre en cause la loi de Kuznets. Et pourtant, paradoxalement, ces sociétés mettent en avant la diversité, le multiforme.

En discutant de multiculturalisme avec B. Celui-ci argumente que le regroupement familial des années 70 - et concernant donc les travailleurs immigrés – a été mis en place pour affaiblir les travailleurs immigrés qui s’engageaient de plus en plus dans les luttes sociales,  luttes comme celles concernant les cadences infernales, contre lesquelles, d’ailleurs, aujourd’hui plus personne n’intervient ; ne seraient-elles plus infernales ? Donc B. faisait remarquer que ce fût un moyen de stabiliser et de freiner la volonté de combattre de ces travailleurs dans la mesure où les ardeurs combattives s’éteignent lorsque que l’on a une famille à faire vivre.

Maintenant les rejetons des travailleurs immigrés des années 70 se sont, pour beaucoup, transformer en une utile racaille – utile car permettant d’entretenir ce sentiment d’insécurité, lequel, lui, permet de justifier toute un appareillage policier – une racaille désintégratrice.

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Août 2009 dans la cathédrale d’Orvieto ; je suis là à admirer les fresques de Luca Signorelli et notamment Les Damnés, cette foule d’hommes, de femmes et de démons, bien peu singuliers d’ailleurs, et je pense (par télescopage) que c’est la foule, en tant que corps constitué qui est un monstre, une composition de corps qui s’agitent, amas de tendons qui s’étirent, superposition de frustrations en tout genre, milliers de litres de sang qui s’échauffent. Rien n’est plus inconséquent que la foule.

On connaît le détail célèbre, ce diable portant sur son dos une jeune pécheresse et regardant celle-ci en ricanant. On dit que la jeune femme n’est autre qu’une ex amie de Signorelli, amie infidèle que le peintre punit donc de la sorte. Signorelli s’est représenté lui-même dans la foule, en démon, muni d’une corne unique au front (?) et soulevant une belle plantureuse.

Devant La Résurrection de la chair je pense à mon beau-père qui vient de mourir. Nous voilà au commencement des saisons des pleurs, du temps chagrin des pertes. « Ceux que la vie ne guérit pas, la mort va s’en charger » (C. McCarthy).

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Séguéla à la télévision toujours aussi couleur caca.

- « Voyez-moi ces superflus ! Ils acquièrent des richesses et n’en deviennent que plus pauvres. Ils veulent le pouvoir, et d’abord le levier du pouvoir, beaucoup d’argent – ces impuissants ! » Ainsi parlait Zarathoustra (De la nouvelle idole).