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Chroniques du misanthrope
26 février 2011

Messerschmidt : Têtes de caractère

messerschmidtVu l'exposition des "Têtes de caractère" du Franz Xaver Messerschmidt (1736-1783) au Louvre.
Messerschmidt est mort à 47 ans. Dans son atelier existait une soixantaine de têtes qu'il avait produites pour son usage personnel. Beaucoup de personnes pensent que Messerschmidt était schizophrène (Ernst Kris 1932) et qu'il se sentait persécuté par des esprits qui le faisaient souffrir physiquement "au bas ventre et aux cuisses" selon ses propres dires. Il a créé ces têtes - il n'a jamais cherché à les exposer publiquement ni évidemment à les vendre - pour qu'elles le protègent de ses hallucinations. Elles avaient pour cible cet ennemi et les têtes devaient servir à remplir d'effroi cet ennemi, elles combattaient les esprits grâce à l'expression de leur visage.
Et c'est ce qui fait tout l'intérêt, l'attrait et l'originalité de ces têtes : elles grimacent, elles se tendent, elles se figent dans des expressions difficile à interpréter. On dit que Messerschmidt se regardait dans un mirroir et se pinçait le corps et faisait par cet effet des grimaces qu'ensuite il saisissait. Messerschmidt n'a jamais donné de titres à ces têtes. C'est un auteur anonyme qui, à l'occasion de la première exposition publique des têtes en 1793, s'est livré au petit jeu subjectif de donner un titre à chacune d'entre elles. Les interprétations qu'il donne pour certaines sont largement contestables et d'ailleurs contestées.
Il ne faut surtout pas regarder ces titres qui ne conviennent guère le plus souvent, titres qui servirent surtout  à divertir le public de l'époque. Si aujourd'hui encore ces titres existent c'est parce qi'ils permettent de distinguer les têtes et que personne n'a réussi jusqu'à présent à les remplacer par d'autres plus adaptés. Donc du temps de Messerschmidt ces têtes n'avaient pas de titre et Messerchmidt lui-même n'a jamais précisé  ce qu'elles sont censées représenter concrêtement.
Du coup tout est possible : ainsi quand l'auteur anonyme baptise l'une d'entre elles "L'homme qui baille" rien n'empêche de penser que c'est peut-être un homme hurlant qui est devant nous...

messerschmidt2

Un dernier mot : on est en droit de penser que ces têtes ont été influencées, notamment celles qui sont chauves, par une série de têtes égyptiennes existant du temps de Messerschmidt, un temps où existait une véritable égyptomanie.
Tout dernier mot : beaucoup de ces têtes ont les lèvres serrées, la bouche pincée, et même pour certaines une sorte de sparadrap (un aimant disent certains) collé sur la bouche : et d'y voir un rejet de la sexualité par Messerschmidt ; il est vrai qu'on ne lui connait aucune attache féminine et qu'il confia à un de ces visiteurs "vivre presque toujours seul et être depuis sa prime jeunesse très chaste" (Friedrich Nicolaï 1781). Cela expliquerait en grande partie les hallucinations, et les esprits le torturant...

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