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Chroniques du misanthrope
7 juillet 2009

Septième carnet (2007) Suite 2


  •     Deux corps de jeunes hommes sur un lit-radeau qui dérive sur l’eau. C’est le tableau Les énervés de Jumièges visible au musée des Beaux-arts de Rouen. Les deux fils ont fomenté un complot contre leur père, le Roi. Ils se sont fait prendre, il s’agit donc de les punir. Ils se sont révoltés contre le Roi, et donc contre Dieu. Normalement le châtiment c’est la mort, mais leur mère interfère : ce sera donc le supplice de l’énervation ; on leur brûlera au fer rouge les tendons… A jamais couchés les révoltés ! Après le supplice on les embarque sur un lit qu’on laisse dériver sur la rivière. L’embarcation possède tout le confort : oreillers, bougies, nourriture, couverture. Le lit devient radeau et glisse sur l’eau plate. Pas tout à fait bateau, pas encore caveau, ce vaisseau s’abandonne au courant. La couverture qui recouvre les deux frères n’est pas encore linceul. La Seine n’est pas le Styx. Ils ne sont ni morts ni vivants, ils trempent entre deux eaux. Le spectateur lui-même ne sait pas vraiment à quelle image il a affaire. Un lit qui flotte tient du rêve or l’image a l’air bien net. Mi-rêve mi-réalité.Jumièges énervés énervés jumièges jumièges énervés

800px_les_enerves_de_jumieges

  • Un coup d’œil, un coup de dé.
    Du malheur à volonté ;
    Encore un coup de Dieu.

  •     Sarkozy envoie sa femme en Libye pour négocier la libération des otages. Elle réussit. Elle réussit leur libération sans gage ou contrepartie, nous dit-on. Elle réussit aussi à faire de Kadhafi un être humain au cœur sur la main alors qu’on oublie que le procès des infirmières et médecins emprisonnés et torturés est le fait de Kadhafi lui-même. Tous, de Sarkozy à Kadhafi, se trouvent ainsi angelifiés, dysnéisés. Encore une fois alléluia mes frères, alléluia mes sœurs ! On vit effectivement une époque formidable !

Libye

  •     A Beaubourg, une photo de Mircea Cantor : sur une vitre embuée quelqu’un (le photographe lui-même ?) a tracé au doigt, en lettres majuscules, « unpredictable future ». Des rigoles commencent à se former et à s’écouler de certaines lettres où s’est accumulé un petit trop plein d’eau et ainsi, on sent que, bientôt, la phrase deviendra elle-même illisible. Mircea Cantor Mircea Cantor Mircea Cantor

unpredictable

  •     Toujours à Beaubourg, exposition d’Annette Messager. Je retiens surtout l’installation « Casino » : une soufflerie fait se mouvoir régulièrement un immense voile rouge qui, telle une vague, s’approche et s’arrête aux pieds des spectateurs. C’est assez fascinant. J’y suis resté une bonne demi-heure. Le bruit fait penser à la longue respiration d’un géant caché au fond de la pièce. Je cherche en vain pourquoi cela s’intitule « Casino »… Casino anette messager anette messager casino casino annette messager
  •     « Je cesserai de t’aimer le jour où la neige deviendra noire. » Je ne sais plus où j’ai lu cette phrase. Chez Jean-Pierre Manchette, je crois.

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